http://www.sudouest.fr/2010/11/29/les-galeres-des-uns-les-indignations-des-autres-252501-757.phpSaintes
Les galères des uns, les indignations des autres
A l'occasion d'une Nuit solidaire, sans domicile fixe et militants se sont retrouvés place Bassompierre.
Erwann, Christophe et Loïc, trois jeunes SDF, ont exprimé leurs galères quotidiennes
Marion, Eddie, Sébastien et Euriel, les squatteurs de la rue Molière (« Sud Ouest » du vendredi 26 novembre) se sont déplacés jusqu'à la place Bassompierre où était organisée, samedi soir, la première Nuit solidaire pour le logement. Alertés, de leur côté, par l'information diffusée à la halte de jour, d'autres SDF (sans domicile fixe) de la ville s'y sont retrouvés autour des tentes dressés, symboliquement, par la Ligue des droits de l'homme (LDH).
Cette Nuit solidaire faisait suite aux tables rondes sur la crise du logement qui s'étaient déroulées dix jours plus tôt. Son organisation s'est appuyée sur le Collectif saintais pour le logement, composé de différentes organisations politiques, syndicales et associatives. L'association L'Éléphant a, par exemple, préparé la soupe chaude et les frites offertes aux SDF comme à tous les autres participants.
« De belles paroles »
Sous les toiles dressées par les services municipaux et abritant d'une pluie aussi drue que froide, Jean-Pierre Boucher, président de la section locale de la LDH, expliquait les raisons de cette Nuit : « Nous voulons attirer l'attention sur le non-respect de droits fondamentaux. Le droit au logement opposable a bien été voté mais il s'agit de belles paroles, pas d'une réalité. S'il est en tort, l'État se paiera, à lui-même, une amende mais cela ne réglera en rien le problème de la personne qui a déposé un recours. »
Cette Nuit solidaire à Saintes voulait surtout témoigner que le problème du logement ne se posait pas qu'à Paris. On recenserait entre 30 et 50 SDF sur la ville. « Le mal logement existe aussi en Charente-Maritime. On trouve des logements insalubres en milieu rural. Il y a, en Poitou-Charentes, des marchands de sommeil et des gens qui dorment dans des caves… », dénonce Jean-Pierre Boucher. Et le président de la Ligue des droits de l'homme de demander la création d'un « grand service public national du logement. Dans un pays riche comme la France, le logement doit redevenir une priorité. »
Leurs galères quotidiennes
Fondatrice de l'association Le Toi Kétatous à La Rochelle, Muriel Dumont a apporté son soutien à la Nuit solidaire de Saintes : « Il vaut mieux une action groupée, comme celle-ci, que des manifestations éparpillées attirant moins de monde », confiait-elle en saluant les squatteurs de la rue Molière.
Plus tôt dans la soirée, Loïc 27 ans, Erwann, 29 ans, Christophe, 33 ans et Patrick, 48 ans, racontaient leurs galères quotidiennes dans la rue à Saintes.
Loïc s'est trouvé un abri de fortune du côté de la gare SNCF pour dormir. SDF depuis quatorze ans, Erwann exprimait les difficultés des sans domicile fixe accompagnés de chiens, refusés dans les haltes de nuit. C'est le cas à Saintes, comme dans nombre de villes. Patrick est heureux d'être accueilli au chaud pour quelque temps, justement à la halte de nuit. Enfin, Christophe se déplace dans son camion-caravane, au gré des petits boulots qu'il trouve. Il vient de décrocher un job en intérim à Pons ; il va donc s'y déplacer et dormira sur place.